Andalousie sur Léman, le flamenco à l’honneur

Andalousie sur Léman, le flamenco à l’honneur

La Cueva flamenca était à l’honneur des Aubes musicales ce matin, un festival qui se tient pendant un mois aux Bains des Pâquis de Genève. Un réveil au son de la musique et danse flamenco, venues secouer le calme du Léman dans une rencontre des cultures dont la ville – monde a le secret

Punta tacon, punta tacon. Il est 6 heures, le rythme endiablé du flamenco accompagne le lever du soleil sur la rade de Genève. Naomi Guerrero et Maud la Manuela, deux danseuses de La Cueva flamenca, une troupe locale réputée, voltigent dans des robes à volants rouge et noire, en tapant du pied sur une petite planche en bois.

Aubes musicales aux Bains des Pâquis

En ce deuxième jour des Aubes musicales, le rendez-vous incontournable des mélomanes et simples badauds qui échouent au lever du jour aux Bains des Pâquis, Juan Manuel Cortez accompagne la petite troupe au son du cajon.  « Vive la Suisse, vraiment ! Cela n’arrive pas tous les jours… Terrible dilemme que de savoir s’il fallait se coucher ou pas, à vous de deviner », lance le palmero, toujours en verve, à un public conquis.

Pathos du flamenco

Quelques cygnes dansent sur le lac. Des baigneurs montent sur une planche en bois pour ne perdre aucune note. Trois adeptes d’aviron posent les rames et se laissent bercer par le calme des lieux, rompu à l’improviste par le pathos et le drame du flamenco. « Que Dieu la pardonne ! » « Je vais chercher du bois dans la vallée », Alberto Garcia, venu tout droit d’Andalousie, la terre natale de cette danse gitane, entonne des chants aux textes simples, inspirés par la vie rude dans cette terre bouillonnante, à des années-lumière du calme du lac suisse. Dans un air à écorcher les tripes, il lance une solea, l’un des palo flamenco les plus poignants, accompagné par la guitare de Dani el Rubio, virtuose genevois.

Olé ! lance le public, visiblement subjugué. Des spectateurs nombreux, attentifs, qui se sont levés bien avant l’aube pour ne rater aucune minute de ce réveil festif, à moins qu’ils n’aient fait nuit blanche et attendent d’aller se coucher. C’est la magie de Genève, croisée des cultures par excellence, ville-monde qui vibre au son des danses et musiques d’ici et d’ailleurs pendant tout l’été et où l’on peut passer d’un spectacle à l’autre du matin au soir sans débourser un centime.

Des chants venus d’ailleurs

Le châle de la danseuse tournoie furieusement, comme pour saluer le soleil qui s’est hissé au-dessus de la montagne bordant le Léman. Il dévisage le petit phare blanc au bout de la jetée, que des nageurs habitués contournent de bon matin, été comme hiver. Une furieuse subida, succession de pas de plus en plus rapides, accompagne une alegria enjouée, qui dégage toute l’énergie, la puissance et la majesté du flamenco. Bien que souvent grave, voire triste, celui-ci compte aussi des chants gais et des mélodies inspirées d’autres contrées, comme la guajira, venue de Cuba, ou le tango, qui a peu à voir cependant avec son homonyme argentin.

Il est 7 heures, le soleil est haut dans le ciel. Le public réclame une dernière danse et la petite troupe entame une buleria de fin de fiesta. « Maintenant c’est vraiment l’heure de boire une bière, manger une fondue et aller se coucher, merci Genève ! » plaisante Juan Manuel Cortez, pourtant habitué des déplacements depuis le sud de la France, mais visiblement toujours aussi enchanté par l’accueil chaleureux des Genevois. Il ne plaisantais pas, c’est la tradition.

 

 

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